Les mots veillent sur nous.

Alexandre Guelman

Les mots veillent sur nous, Poèmes, aphorismes et proses. Traduction de Marc Sagnol. Estampes de Guy Braun.

« Renoncer complètement à s’étrangler l’un l’autre ?
Oh, mais c’est impossible.
Il ne vaut pas même la peine d’y penser.
Étranglez, mais pas forcément jusqu’au bout,
Étranglez, et ensuite embrassez le cou
Que vous avez tenté d’étrangler avec des doigts de fer.
C’est la manière des tzars, la manière russe !
Ceux qui n’ont pas été étranglés jusqu’au bout
Adorent leurs étrangleurs. »

Alexandre Guelman, né en 1933 en Bessarabie, est un écrivain et dramaturge russe vivant à Moscou. Ses oeuvres les plus importantes et les plus connues sont des pièces de théâtre qui ont dominé les scènes russes dans les années 1970 à 1990, en particulier Nous les soussignés et Le banc, tous deux traduits en français. Ami de Mikhaïl Gorbatchev, il a participé dans les années 1990 au mouvement social de la perestroïka. Dans ses préoccupations actuelles, à côté d’une pièce qu’il écrit sur Einstein, il revient fréquemment sur un épisode de son enfance dont il a parlé pour la première fois en 1995 dans l’article « L’enfance et la mort ». Déporté à l’âge de huit ans avec ses parents, il fut enfermé dans le ghetto de Berchad, en Transnistrie, la partie de l’Ukraine occupée et administrée par les Roumains pendant la guerre. Il a vu sa mère mourir à ses côtés. Des quatorze membres de sa famille, seul son père et lui ont survécu. Ce qui l’a aidé à vivre et à survivre, c’est d’avoir joué à la guerre dans les rues du ghetto. Ses réflexions sur la vie et la mort, sur la condition juive, l’ont conduit à publier deux recueils de poèmes, Le dernier futur (2008) et Ailes et béquilles (2013), salués par la critique à Moscou.
Marc Sagnol

ISBN : 978-2-9546600-4-2                       15 €